Résumé
L’expérience d’auto-administration kurde en Irak entre bientôt dans sa douzième année. Ce qui avait commencé comme un expédient politique improvisé dans les circonstances exceptionnelles des lendemains de la guerre du Golfe, pour rapatrier et rassurer une population de plus de deux millions de Kurdes réfugiés aux frontières de l’Iran et de la Turquie, a fini, au fil des ans et d’un cheminement tumultueux, par s’affirmer comme un Etat quasi indépendant et singulier.
Cet Etat a des frontières précises défendues par l’aviation anglo américaine. Il couvre une superficie d’environ 40.000 km2, équivalente à celle de la Suisse ; il administre une population de 3,7 millions, comparable à celle d’Irlande.
Il dispose d’institutions politiques et économiques, qui coopèrent officiellement et régulièrement avec des agences des ions-Unies dans le cadre de l’application d’une résolution (986) du Conseil de sécurité destinée à améliorer le sort de la population locale. Ses dirigeants sont reçus par les responsables occidentaux et par les plus hautes autorités des Etats voisins, pourtant peu suspects de kurdophilie, mais obligés, ne serait-ce que pour la sécurité de leurs frontières communes, de composer avec la réalité. Ses représentations quasi-diplomatiques ont pignon sur rue dans les principales capitales du Moyen-Orient et d’Europe, sans oublier Washington et New-York, bien sûr…